jeudi 29 janvier 2009

JE CROIS QUE…


...Ophélia s’est noyée ce soir…

J’avais pourtant
Mes yeux bien ouverts
Mes oreilles attentives
Au moindre des moindres
Bruissement étrange…

J’étais penchée
Sur la rive
Les pieds mouillant
Dans l’eau limpide et
Fraîche du torrent
Perpétuelle telle que...

J’ai du m’endormir…

J’ai vu mon reflet
Tout seul s’en aller
Ondoyant sous le miroir
Des gouttes qui l’attirent
Toujours plus loin de moi…

J’ai bien tenté de me lever
Mais la tête me tournait
Mes idées embrouillées
Brouillaient mes yeux embués
J’ai couru sur la berge...

Mais Ophélie est partie
Dans l'onde ravisseuse…

Je crois bien qu'elle
S'est noyée
Ce soir...

J’ai bien tenté de
La faire revenir
J’ai même rêvé qu’elle
M’embrassait
Mais c’était juste
Un peu de rosée
De brume de ruisseau…

Puis le soleil m’a réveillé
Mon amie d’âme m’a souri
Mon Ophélie n’est-elle jamais partie ?

Ma tête est lourde
Mes yeux sourds...
Et je m’endors dans son odeur
De lys en fleur…

J'ai eu si peur...

mardi 27 janvier 2009

SALLE POUR ESPERER...


Ces chaises qui se meuvent et craquent,
Ce brouhaha dans la rue,
J’entends des voix dans la pièce d’à côté…
Ces vieux magazines tous usés d’yeux,
Les rideaux blanchis sur la face de lune,
Je suis
Dans la salle d’attente…
C’est long
Et « grisailleux »…

Par les vantaux de la fenêtre,
Je fixe les toits de la maison en face,
Sa cheminée cendre crache de la suie noire …
La ville d’en bas s’agite dans l’hiver qui pique,
Là où personne ne s’imagine…
Dans leur bruit,
Moi…

Quatre chaises vides,
Quatre chaises penchées,
D’une bâtisse pas bien droite,
Qui connaît tous les secrets,
Chuchotis des pensées
Transpirant du papier-peint,
Quelquefois…
Confusions des pensées,
Parfois…

Mais,
J’attends…
Solitude d’instants étirés…
Jusqu’à quand…?

Les gonds grincent
Les voix atones me ramènent
A ma réalité
Certes d’un autre réalisme
Que celui de cette pièce
En expectative…
En point d’orgue
Sans horloge…

samedi 24 janvier 2009

QUELLE TEMPÊTE!

Quelle tempête
Se déchaîne
S’engouffre
Dans les arbres pliés,
Hurlant de vent

Terrée au fond
De ma chambre
Je grelotte
En pensée

Bourrasque d’émois
Claquement des
Branches de jais
Nuit gonfle et souffle
C’est la tempête
Dans ma tête

Dehors, dedans
Serrant les dents
Sans chavirer
Mal au cœur
D’amour-propre
Un orgueil délogé
Dans son idée

Mais voici
La houle s’apaise
Je rouvre les yeux
Les volets et les lumières
Un instant trop duré
Enduré ainsi ?
C’est assez...

mercredi 21 janvier 2009

ALLONGEE SUR MON LIT...

Allongée sur mon lit
Je pense
Je ferme les yeux
Puis m'endors ?

Je marche jusqu'à la fenêtre
-De ma chambre noire-
Fermée ;
Je l'ouvre
Je pose ma chaise à côté
Et grimpe...

Je respire l'air de la Nuit
C'est vif
C'est noir
C'est la liberté...

Mes pieds quittent le sol
Tandis que je me laisse
Tomber
Aspirer ?
Libérer...

Je sens le vide
Je ne chute pas
Je suis
Une plume qui s'envole
Tellement
Légère...

Ici tout est fort sombre
Le monde dort
En dessous
Je traverse
Champs et routes
D'en haut...

Je suis bien comme ça
Mais tout a son prix
C'est fini...
Ça commence...

Mes yeux pleurent
Celle qui n'est plus
Mais tristesse est douce
C'est la liberté
De l'âme...

mardi 20 janvier 2009

DE RETOUR...


C’est étrange de revenir sur
Des lieux où l’on a mal vécu…
Plus personne ne reconnaît
Mon enveloppe corporelle…
Le même regard, certes, mais comme ces gens là
Ne regardent pas dans les yeux…

Celle-ci a l’air bien las,
Celle-ci n’est plus si belle…
Celle-ci est déjà maman,
Celui-ci n’est plus bien terrifiant…


L’on prend d’abord un certain plaisir à
Déambuler anonyme quand on traîne la honte
D’être soi-même…
Je marche dans les pas d’une ex-moi,
Disparue déjà depuis longtemps…
Effacée d’elle-même, gommée par
Procuration pour les autres…

lundi 19 janvier 2009

SONNET V


Les souvenirs se font de plus en plus prégnants
Les cris des enfants me réveillent parfois
Les temps révolus ne le sont jamais vraiment
Des rémanences viennent me visiter et se raviver...

L’école et ses platanes se sentent bien en scène
Les acteurs d’avant remettent leurs costumes
L’air sent l’automne et les habits neufs
Les marelles à la craie dansent avec les palets...

Mais les fantômes n’aiment pas jouer longtemps
L’artifice se dissout dans un courant d’air tiède
Les nuages se serrent en une éclipse fortuite

La pluie commence de tomber en perles de larmes
L’eau déluge dans la cour vide qui miroite
Un léger éclat de triste des souvenirs d’antan...

SONNET IV

Petite sœur je ne souffre pas te voir ainsi
Te cogner aux murs qui m’ont déjà fait des bleus
Viens, Je t’emmène voler par-dessus les toits
Comme des âmes ivres de liberté peu tutoyée

Tu traînes tes os dans une geôle si froide
C'est le papillon trop longtemps engourdi
Qui ne sait plus battre de ses ailes poudrées
Vers les cieux mauves, légers et oxygénés...

Tu entends les cris des familiers pour te ranimer
Mais endormie dans les nuages de songes en baume
Tu es un nouveau-né trop tôt dans l’antichambre de la vie

Oublier la réalité des lits trop durs et glaçants
Ne plus trembler de se sentir défaillir puis faillir
Tu vas voir, on est heureux de temps en temps...

SONNET III


Le kiosque se vide de ses autochtones quotidiens
Le vent souffle une douce brise de fin de journée
Ici l’on s’asseoit pour rêver enfin un peu
Les yeux clos tandis que les bruits s’éloignent...

Les papillons tourbillonnent dans leur ronde
Des paires d’yeux clignent dans les buissons bruissant
La terre respire et tressaille de quiétude retrouvée
Le banc craquette et s’étire de ses quatre pieds...

C’est le moment de reposer les idées et les heurts
Ceux-là même nous assaillant pour n’être oubliés
Et que l’on tâche de cacher pour les voir s’effacer...

Le murmure des arbres apaisent les tumultes
L’épilogue du jour dénoue les fils emmêlés
La nature aide ses enfants à s’apaiser...

SONNET II


L’édredon de brouillard épais recouvre le lac d’huile noire
Le radeau glisse comme une ombre fendant l’eau endormie
La lune brille de tout embrasser et guide le cortège
Une barque frêle, le rameur, une ombre blanche ondoyant...

Il y a des temps se recueillant en des voyages muets
L’ultime traversée de silence en taisant ses adieux
L’on imagine déjà les âmes en leur nouvel écrin de nuages,
Libérées de tous ces maux auxquels nous sommes obligés...

Le peuple des éclairés veille de la rive qui s’approche,
La crique dévoile dans une demi-nuit sa cour et ses hauts cyprès...
Soyez enseveli en ce monde étrange tandis que le jour se lève...

L’île maintenant s’éloigne, comme ses fantômes somnambules,
La symphonie s’étouffe dans la rame qui s’éloigne,
L’orchestre disparaît en souffle sourd de nuances d’aube...

SONNET I


Toi digitale dentelière de vers
Accompagne les espoirs du temps qui défile
De ton canevas en toile de lin tu tisses
Bientôt ton trousseau achevé puis défait...

Le temps chuchote des mots au coin des murs
Les pièces nues susurrent leurs quatre volontés
La lumière darde son âme en ce cachot invisible
Le clair-obscur révèle les beautés non pressenties...

Transie Pénélope nous sommes toutes parfois
Nous attendons en vain (?) ce même jour incertain
Malgré les heures lasses qui s’étirent sans se rompre...

Le soleil du soir là-bas finira bien par s’éclipser.
Les collines disparaître en lune noire d’obscurité,
Se parant de ses meilleurs atours pour une nouvelle aurore...

ES-TU EN RETARD ?


T’est-il déjà arrivé de rêver que tu dors
De pleurer et de rire
D’avoir les yeux comme une fenêtre
D’essayer de mieux faire
D’aimer sans désirer
De jouer en pensant à autre chose
De voler puis de retomber très légèrement
De vouloir fuir sans pouvoir
De crier en silence
De devenir transparent
De bouger pour ne pas t’engourdir
De t’oublier pour vivre ?

LA LEÇON DE PIANO


Je déchiffrais les arabesques au piano,
Printemps frais après printemps doux,
Automne nu après automne roux,
C’était un peu une grand-mère
Qui m’accompagne me chaperonne
En cheveux argent aux boucles blanches
Elle est longue et fière
D’une rigueur de corps comme d’âme
Ses mains effilées d’une vie en Conservatoire
A la peau fine et ridulée d’une aînée
Les ongles bien courts pour crocher les croches
De partitions de grimoires en miroir...

Dehors une cour vide de jour sans classe
Les fenêtres hautes et les salles froides
L’air du ciel en dièse de bleu et mauve de luth
Le cours s’achève tandis que frénétiques
Les douze papillons dodécaphoniques
Se posent à la fenêtre de l’école de musique...
Mes mains jouent toutes seules
Sur le clavier des idées sur papier biffuré
Valse et tourne, tourne et vire... !
J’ai plaisir à rêver de cette femme qui brille
Des nuances en buvard de musiques chromatiques.

MA PETITE MODELE


Camille et Madeleine
Ont tout à envier à ma petite modèle
Natte pas trop sage et yeux curieux et doux
Ravissante et frêle debout
Elle envole ses rimes délicates
Comme les plumes d’un oiseau-lyre
Niché dans un arbre tout de Poésième.
Elle s’enflamme pour les belles-lettres
Clio La Muse, pour les fables d’enfants
La nouvelle littérature et les mondes de Sophie...
Elle pose pour moi et je suis fort fière
De pouvoir dessiner cette jeune damoiselle
Chrysalide paisible, poétique même
Cette petite fée me plaît.

L'ACROBATE-FUNAMBULE


La funambule déambule
La « plume-hymène » sautille
Élégamment colomb’belle
Trotte-menu brindille
S’envole à la venvole, atteint presque
L’astre du jour dardant ses rayons...
Caressants ?
Etoile virtuose de métaphore
Joue du fleuret pour sa vie
Gageant ses pions d’ivoire
Sur l’échiquier du temps...

Chimère enjôleuse,
Sa rêverie périlleuse
Néanmoins magnificence
Sa pensée est une bulle de savon
S’élevant jusqu’aux cimes
Des arbres à pain du paradis...
Limpide et diaphane
Un chœur d’enfant
Chante et enveloppe de fraîcheur
Les ardeurs de la sœur d’Icare.
Une volée onirique quoique dramatique
La bulle va s’éclater promptement
La descente tragique certainement
Plongeon dans le gouffre
Des affres des opiacées...

La fosse ne respire plus
La pendule d’argent s’en interrompt
Des milliers d’yeux brillants
T’illuminent en réverbères
T’accompagnent car en toi
Ce sont eux qui se voient
Te brûler leurs ailes de papier...
« Avance opiniâtre, éloigne-toi de l’âtre ! »
Ce sont maintenant des murmures
Gorges qui se serrent et pouls qui cognent...

Te voilà fin arrivée au bout de ton fil
Les larmes roulent sur leurs joues
Joues empourprées des spectateurs
Mais qui ont encore froid aux os
A la pensée d’avoir manqué de peu
De croiser la Faucheuse noire
Des blés jamais bien assez mûrs
Ma fille je t’aime,
Il en faut une qui se désigne
Tu es notre double qui se hasarde pour nous
Dans des contrées qui nous sont inconnues
Des vies non vécues en goût d’amertume
On joue et toi tu tombes là où nous le dûmes
...

ALICE PLEASANCE LIDDELL


Sur l’arche voguant aux flots de La Tamise
Alice fillette supplie l’écrivain
De lui conter la fable en fil de laine
D’une contrée de merveilles...
Son lièvre de Mars, son chapelier,
Ce matou du Cheshire malicieux,
Qui s’esquive et s’esclaffe
En un miaou !-hurlement !

Espiègle, gracieuse, exquise,
Costumée la durée d’une pose
En petite mendiante de Charles Dickens
Photographiée pour la postérité,
Sa frimousse en éclair du regard,
Eclat de rire qui claque,
Interroge et se gausse
De tous les soupirants soupirant...

Femme de glace, beauté d’artiste,
Trente ans s’effacent en un souffle
Il ne parvient guère à se remémorer
En cette figure de statue Grecque
Son amie-enfant, l’Alice tant aimée
Fillette de porcelaine fascinante et enjouée
Pourquoi donc ne veut-elle pas consentir
A quelques amours... philanthropes
Pour lui Carroll Lewis ?

CAFE MÜLLER

Des corps en quête,
Halètent des ectoplasmes
Brûlés d'une énergie de vie
Où es-tu? Qui es-tu?
Café Müller des solitaires âmes blanches
Robe albâtre blême blafarde presque
Tu deviens laiteuse, nacrée
Je t'étreins, tu me rejettes
Dame aux longs cheveux roux
Assieds-toi substance
Chair de chaises qui claquent
Amant aux yeux clos
Chaises qui grincent et crient
Amant idéal d’un échange hors temps...

ALMA MON ÂME OU LA POUPEE D'OSCAR...

Femme peinture et musique
Piquante, magnétique et rayon de lune
Tu m’attires dans ton arantelle de dentelle
Pleure ou cris tu m’appartiens
Même-toi m’aime ton corps
Tes cheveux, ou ton sourire
Ne sont qu’à moi et tu peux rire
Je ne t’entends pas poupée de cire...

LA DEMOISELLE AU LIVRE


Fille de fil avance
Un livre dans les mains
Ses yeux ne dérivent pas
De l’histoire et des chapitres
Pétulants, romantiques,
Burlesques ou épiques
Papillons noir ou albe,
Aux élytres poudrés d’émois...

Cette colombine mâtinée
Ne s’enquiert guère
Des mille questions
Des passants en-suspens
Curieux de cet elfe gracile...

L’enfant-chrysalide
S’ouvre au monde
Et promène d’un pas sûr
Par le verbe et l’emphase
Les songes littéraires
Des fabulistes et poètes.

dimanche 18 janvier 2009

SONGE D'UNE DEMOISELLE D'AVANT...



La ruelle s’étire,
Oblique vers la gauche
La minuscule Place Dulcie September
Entr’apparaît au-devant d’elle.
La bâtisse se dresse là,
Anthracite, roide et austère,
Elle hésite à se rapprocher tant
Ce concerto au piano
Qu’elle est seule à entendre
Devient oppressant,
Assourdissant,
Hurlant.


Ses souliers vernis
Neufs et durs
Claquent sur les pavés froids,
Elle essuie d’un revers de manche
Ses yeux embués,
Son visage tout mouillé
Par cette Symphonie Monotone
Qui n’a de cesse
De bruiner continûment sur la ville.
Elle traverse cette place au sens tragique
Pousse la grande grille en fer forgé de l’Ecole,
Monte les cinq marches
Pour accéder au cloître vide en cailloutis,
Et en son centre,
Un bassin sans autre eau
Que celle de la pluie fine de ce matin triste.

Elle lève ses yeux,
Les murs sont de pierre grise
Les fenêtres hautes et étroites semblent sévères
Mais laissent cependant sourdre de la lumière
De néons des salles de cours. Salle Varèse,
Salle Barthes, Salle McLuhan, Salle Vermeer...
Les noms se martèlent,
S’égrènent dans sa tête emplie de musiques russes,
Rachmaninov, Borodine, Moussorgski,
Tchaïkovski qu’elle écoutait avant d’aller en cours...


Avant...